La justice a décidé ce jeudi de placer le groupe Brandt, pilier de l'électroménager français depuis un siècle, en liquidation judiciaire. Après un redressement difficile, les salariés ont ainsi pris connaissance du sort qui les attend, avec 700 emplois en danger.
Le tribunal des affaires économiques de Nanterre a officialisé cette décision, malgré un projet de reprise en société coopérative (Scop), soutenu par le gouvernement et des élus locaux, qui avait suscité de l'espoir. Le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, a exprimé son indignation : « C’est une terrible nouvelle, un choc et un coup très dur porté à l’industrie française », attestant du traumatisme que cela représente pour les ouvriers.
Depuis 2014, Brandt appartient au groupe algérien Cevital et a connu, comme beaucoup d'entreprises du secteur, de sévères difficultés, avec un chiffre d'affaires de 260 millions d'euros en baisse constante, atteignant une chute de 3,9 % l'année dernière, après une première baisse en 2023.
Une tentative de sauvetage pour préserver le savoir-faire français
Parmi les propositions de reprise, seul le projet de Scop semblait capable de sauver environ 300 emplois. Selon le ministre délégué à l’Industrie, Sébastien Martin, ce projet est crucial pour maintenir les deux usines situées dans le Loiret et le Loir-et-Cher.
Le problème se pose ainsi : que faire face à la disparition potentielle de la marque ? Les efforts combinés du gouvernement, des élus et d'organisations syndicales ont été déployés pour promouvoir l'idée d'une reprise par les salariés, défendant un savoir-faire industriel français unique.
Malheureusement, relancer Brandt ne sera pas une mince affaire. Entre 20 et 25 millions d'euros seront nécessaires pour rétablir sa production, alors que les salaires ne pourront être versés après le 15 décembre. Le gouvernement a annoncé 5 millions d'euros de soutien, accompagné de promesses de financement de la métropole d’Orléans et de la région Centre-Val de Loire, portant les aides à environ 15 millions d'euros.
Des analystes du secteur s'inquiètent des conséquences qu'une liquidation pourrait engendrer sur le paysage industriel français. La disparition de Brandt, qui représente un savoir-faire et une tradition, pourrait ouvrir la voie à une domination encore plus accrue des multinationales sur le marché de l'électroménager. L'expert économique Pierre Neuville souligne : « L’avenir de l’industrie française dépend de notre capacité à soutenir nos entreprises emblématiques comme Brandt. »







