Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en collaboration avec ses homologues européens, envisage désormais la création d'une zone démilitarisée dans le Donbass. Ce changement de cap, initialement jugé impossible, pourrait signaler une potentielle avancée dans les discussions de paix.
Ce plan de paix, soutenu par l'ancien président américain Donald Trump, implique un retrait des forces ukrainiennes et russes de la ligne de front actuelle. Mykhailo Podoliak, conseiller de Zelensky, a affirmé que cette mesure nécessiterait des précisions sur le type d'armement à retirer. "Il est essentiel de clarifier si cela inclut uniquement les armes lourdes ou toutes les catégories d’armement," a-t-il précisé.
Une région toujours sous tension
Malgré l'occupation partielle de certaines zones par l'armée russe, le Donbass continue de résister après trois ans et demi de conflit. Selon le Financial Times, une grande partie du budget de défense ukrainien a été consacrée à cette région. Zelensky a toujours été fermement opposé à toute forme de retrait territorial sans combat.
Une zone démilitarisée pourrait sembler comme une concession, une idée qui suscite des inquiétudes au sein de la population ukrainienne. En effet, un sondage réalisé par l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS) montre que près de 71 % des Ukrainiens sont résolument contre l'idée de céder des terres.
Les craintes d'une révolte populaire
Pour le politologue Volodymyr Fesenko, une telle décision serait perçue comme une capitulation par les Ukrainiens. Dans une interview accordée à Le Monde, il a averti que cela pourrait engendrer des manifestations massives et une crise politique majeure. "Des centaines de milliers de personnes se sont battues pour défendre cette région, et un retrait pourrait être très mal reçu," a-t-il ajouté.
Une stratégie risquée
Le dilemme auquel Zelensky fait face est complexe. La création d'une zone démilitarisée pourrait ressembler à un cessez-le-feu fragile, semblable à la situation historique entre les deux Corées, où aucune paix formelle n'a été signée depuis des décennies. Cette interruption des hostilités pourrait en effet donner à la Russie le temps de se réorganiser pour de futures offensives.
Mykola Bielieskov, analyste senior de la fondation Come Back Alive, met en garde contre les dangers que ce retrait pourrait engendrer. Selon lui, "la cession de Donetsk pourrait être perçue comme trop risquée pour l'Ukraine," soulignant que la situation pourrait s'aggraver avec un possible assouplissement des sanctions occidentales envers la Russie.
Des garanties de sécurité nécessaires
Pour faire face à ces risques, un compromis réalisable pourrait nécessiter de solides garanties de sécurité de la part de l'Occident, incluant éventuellement le déploiement de troupes dans la zone démilitarisée. Zelensky a réaffirmé qu'il ne pouvait pas céder de territoire unilatéralement, insistant sur la nécessité d'un vote ou d'un référendum pour tout accord dans ces régions.
Cependant, compte tenu du fort attachement des Ukrainiens à leur intégrité territoriale, la réussite d'une telle démarche reste incertaine.







