La situation agricole en France est à un tournant. La propagation rapide de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) des bovins, détectée pour la première fois en Savoie le 29 juin 2025, provoque une agitation croissante dans le secteur. Le virus, qui peut causer des fièvres et des nodules cutanés chez les animaux, a déjà touché neuf départements, entraînant un abattage préventif de milliers de bovins. Les éleveurs sont de plus en plus inquiets face aux mesures drastiques imposées par le gouvernement.
Le 12 décembre, un éleveur des Bordes-sur-Arize, soutenu par une mobilisation massive de la Coordination rurale (CR), a refusé de voir son troupeau abattu, ce qui a forcé l'intervention des forces de l'ordre. Malgré ces tensions, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, reste ferme : "l'abattage est la seule solution pour sauver la filière". Elle défend une stratégie basée sur le dépeuplement rapide des bovins infectés, la limitation des mouvements d'animaux, et une campagne de vaccination autour des zones contaminées.
À ce jour, près de 3 000 bovins ont été euthanasiés, représentant 0,02 % du cheptel français. Cependant, la CR affirme que ces animaux sont morts sans raison valable. Son président Bertrand Venteau a déclaré que ce "principe de précaution excessif" risque de mettre en péril une filière déjà affaiblie par d'autres crises sanitaires, comme la grippe aviaire.
Les agriculteurs exigent une approche plus humaine et plus respectueuse des animaux. Beaucoup soutiennent l’idée de vacciner massivement les bovins, mais les inquiétudes logistiques et l'acceptabilité du vaccin posent encore problème, comme l'a rappelé la ministre. Annie Genevard ajoute que les mouches, principales vectrices du virus, représentent un défi supplémentaire, rendant le confinement des animaux malades inefficace.
Les appels à la mobilisation se multiplient, et la Confédération paysanne a déjà incité à des blocages à travers le pays. Les éleveurs craignent que la gestion actuelle de la crise par le gouvernement finisse par causer plus de dégâts que la maladie elle-même. "Il est impératif d'arrêter l'abattage total", ont-ils déclaré dans un communiqué.
Pour compenser les pertes, l'État propose une indemnisation de 2 000 euros par animal abattu ainsi que le remboursement des pertes économiques. Cependant, le climat de tension croissant entre le gouvernement et les agriculteurs pourrait mener à un nouvel épisode de désobéissance civile dans les mois qui viennent.
Le débat sur la meilleure façon de gérer cette crise sanitaire reste ouvert, avec des voix s'élevant pour plaider en faveur d'une collaboration plus étroite entre éleveurs et autorités sanitaires. Les défis auxquels est confrontée l'agriculture française ne sont pas simplement une affaire de santé animale, mais touchent à la sécurité alimentaire et au bien-être économique de toute une profession.







