Dans un échange peu commun, Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, et Éric Zemmour, président du parti Reconquête !, se retrouvent au croisement de la spiritualité et de l'identité nationale. Rougé, reconnu pour son engagement dans les discussions sur les questions bioéthiques, aborde des thématiques variées avec des jeunes catholiques, intégrant non seulement des valeurs identitaires, mais également des préoccupations écologiques et humanistes. Dans son dernier livre, Zemmour interpelle ses lecteurs sur l'urgence d'un 'sursaut judéo-chrétien'.
Lors de leur discussion, Rougé souligne la diversité de la jeunesse catholique, qui s'engage aussi bien dans la tradition que dans des formes modernes d'expression de la foi. Pour lui, la mission de l'Église ne se limite pas à une lecture politique, mais doit embrasser la complexité des réalités humaines et spirituelles. Il affirme : "La richesse du christianisme réside dans sa profondeur et sa capacité à dialoguer avec le monde sans se laisser enfermer par les caricatures politiques." Cette approche intéresse de nombreux jeunes, qui cherchent un sens plus profond à leur engagement religieux.
De son côté, Zemmour critique cette démarche qu'il considère comme trop ambivalente. Pour lui, la montée de l'islam en Europe représente une menace qui nécessite une réaction forte et claire de la part de l'Église et de la société française. Il déclare : "Le défi que pose l'immigration et le prosélytisme islamique est d'une réalité qui ne peut être ignorée. Les traditions judéo-chrétiennes ne sont pas simplement un héritage, mais une armure contre ces attaques."
Rougé, conscient des craintes de certains, insiste sur la nécessité d'un dialogue sain entre les religions, quoique sans réduire le christianisme à une simple réponse politique face à l'islam. "Nous ne sommes pas en compétition, mais nous avons nos convictions profondes," ajoute-t-il, avant de déclarer que le véritable témoignage chrétien repose sur l'amour et la compréhension, plutôt que sur la confrontation.
Les experts voient dans cet échange un reflet des tensions actuelles au sein de la société française, où les enjeux d'identité nationale et de foi se croisent de plus en plus. Selon une enquête menée par le CNRS, près de 40 % des Français se disent attachés à leurs racines judéo-chrétiennes, tout en appelant à un renouveau spirituel dans un contexte de fragmentation sociale. Les deux interlocuteurs s'accordent donc à reconnaître l'importance cruciale des questions d'identité, mais divergent sur la manière d'y répondre.
Alors que la France continue d'évoluer dans un paysage culturel de plus en plus hétérogène, la rencontre entre Zemmour et Rougé pose des questions fondamentales sur l'avenir de l'Église, les valeurs judéo-chrétiennes et leur place dans la société moderne.







