Les électeurs centrafricains se rendent aux urnes pour choisir leur avenir, tandis que Faustin-Archange Touadéra s'apprête à briguer un troisième mandat consécutif. Le président sortant se présente comme le garagiste de la stabilité dans un pays marqué par des années de conflit, mais les scepticismes persistent.
Environ 2,3 millions d'électeurs sont appelés à voter de 05h00 à 17h00 GMT, lors d'élections qui englobent également des scrutins législatifs, municipaux et régionaux. Dans le bureau de vote de la mairie centrale de Bangui, la file d'attente est composée en grande partie de militaires, témoignant de la présence sécuritaire accrue.
Martin Dekonamkona, ancien militaire de 61 ans, exprime son engagement en déclarant : "Je n’ai jamais manqué un vote de ma vie!". Pourtant, l’ombre d’accusations de fraude continue de planer sur le scrutin, un refrain connu depuis la réélection controversée de Touadéra en 2020.
Pour l'opposition, représentée par Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, le climat politique est qualifié de "mascarade". Ces leaders, ayant été empêchés de voyager pour soutenir leur campagne, dénoncent un processus injuste alors que le président a fait adopter une nouvelle constitution en 2023, modifiant les règles du jeu.
La dernière campagne de Touadéra, qui s'est achevée par un meeting monstre devant des milliers de partisans, reflète une stratégie bien huilée, accentuant les progrès réalisés : routes réhabilitées et augmentation de l'éclairage public à Bangui. Cependant, la vie des Centrafricains reste marquée par une pauvreté chronique, avec plus de 71 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Malgré les efforts du gouvernement, la paix semble fragile. La présence des mercenaires du groupe Wagner et celle de l'ONU (Minusca) sont présentées comme des garanties pour un scrutin tranquil, conséquence d'une situation sécuritaire améliorée depuis les violences de 2020. Cependant, certains analystes, comme ceux de France 24, s'inquiètent des tensions persistantes qui pourraient perturber le vote.
Alors que les résultats préliminaires sont attendus le 5 janvier, l’expertise des observateurs nationaux et internationaux sera cruciale pour la transparence du scrutin. Les élections en cours clôturent une année chargée pour le continent africain, déjà marquée par des tensions politiques et des répressions.
Les acteurs politiques s’accordent à dire que la route vers une véritable stabilité en Centrafrique est semée d'embûches. Enrique Carrión, expert en politique centrafricaine, affirme que "la voix du peuple doit être entendue pour forger l'avenir du pays." Seul le temps dira si ces élections seront un tournant ou un simple épisode dans le long chemin de la paix.







