Un an après un procès houleux qui a fait les gros titres, le cinéaste Christophe Ruggia retourne devant la cour d'appel de Paris pour faire face à des accusations d'agressions sexuelles sur l'actrice Adèle Haenel, alors mineure. Condamné en première instance à quatre ans de prison, dont deux sous bracelet électronique, le réalisateur de 60 ans, est à nouveau confronté à la victime présumée, aujourd'hui âgée de 36 ans.
Ce cas emblématique du mouvement #MeToo français soulève des questions cruciales sur les dynamiques de pouvoir dans l'industrie cinématographique, où les abus peuvent se dissimuler derrière le vernis du glamour. La situation est d'autant plus troublante qu'Adèle Haenel évoque des expériences traumatisantes lors du tournage de son premier film, Les Diables, filmé entre 2001 et 2004. Dans une enquête menée par Mediapart en 2019, elle a longuement dénoncé les comportements inappropriés de Ruggia, qui s'est vu accusé de caresses répétées et immorales sur son corps jeune. Ces révélations choquantes ont eu des répercussions profondes sur sa carrière, la poussant à s'éloigner des projecteurs.
Les déclarations de Ruggia, qui n'a cessé de nier les accusations, ont suscité l'indignation. Au tribunal, il a osé comparer ses déboires à un « mouvement #MeToo qui s'est retourné contre lui ». Ses démentis ont culminé en un moment de tension, lorsque Haenel, exaspérée par ses répliques, a quitté le prétoire en criant, écho à son précédent départ de la cérémonie des César en 2020, où elle avait dénoncé le prix décerné à Roman Polanski.
Le tribunal de première instance a jugé que Ruggia avait abusé de son statut de réalisateur, exploitant une relation déséquilibrée pendant et après le tournage. Il a été condamné à verser 35 000 euros à Haenel pour le préjudice moral et les soins psychologiques qu'elle a dû suivre. Les juges ont souligné que Ruggia avait exercé son autorité de réalisateur, maintenant Haenel dans une position vulnérable.
Depuis cette affaire, la carrière d'Adèle Haenel a pris un tournant radical. Elle a quitté le monde du cinéma en 2020 pour embrasser le théâtre et le militantisme, devenant une voix puissante contre les agressions sexuelles dans l'industrie. Dans une déclaration récente à Télérama, elle a clarifié ses motivations, dénonçant la complaisance dans le milieu cinématographique face aux agresseurs, et exprimant son désir de lutter pour un changement sociétal. Ce procès en appel est donc non seulement un combat personnel mais aussi un symbole de la lutte pour la justice et la vérité dans le cinéma français.







