Le 18 décembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé le report de la signature du traité de libre-échange du Mercosur à janvier 2026. Cette décision a été motivée par les vives inquiétudes des agriculteurs, notamment en France et en Italie, qui se sont mobilisés à Bruxelles pour exprimer leur désaccord face à un accord jugé nuisible pour l'agriculture européenne.
Ce nouveau délai constitue un répit temporaire pour la France, qui critique depuis longtemps l'accord tel quel, et un revers pour des pays comme l’Allemagne et l’Espagne, qui espéraient une signature imminente. Le président brésilien Lula a déjà évoqué cette possibilité de report lors d'une conversation avec la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, qui a demandé un temps d'attente tout en promettant de soutenir l'accord à terme.
Après 25 ans de négociations, ce traité permettrait à l'Union européenne d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux en Argentine, au Brésil, au Paraguay, et en Uruguay, tout en facilitant l'accès des produits tels que la viande, le sucre, le riz et le soja d'Amérique du Sud sur le marché européen. Cependant, cela suscite des craintes au sein des filières agricoles européennes, qui estiment que les normes environnementales et sociales ne sont pas respectées de l'autre côté de l'Atlantique.
Les manifestations d'agriculteurs à Bruxelles
À l'approche du sommet du Mercosur, prévu le 20 décembre à Foz do Iguaçu, Ursula von der Leyen espérait initialement parapher ce traité. Néanmoins, elle n’a pas réussi à obtenir un soutien suffisant des États membres, principalement en raison de l’opposition française et italienne. Au sein de Bruxelles, des milliers d'agriculteurs se sont rassemblés pour faire entendre leur mécontentement, où des tensions notables ont été rapportées lors des manifestations.
Les manifestations, qui ont rassemblé près de 7 300 protestataires, ont été en grande partie pacifiques, bien que quelques incidents violents aient été signalés, y compris des affrontements avec les forces de l’ordre. Les agriculteurs soutiennent que cet accord pourrait compromettre leurs revenus et violer des normes agricoles strictes.
Au-delà des craintes liées au Mercosur, ce contexte politique trouble est exacerbé par les réformes de la Politique Agricole Commune (PAC) que la Commission européenne pourrait potentiellement diluer dans son budget, suscitant une inquiétude croissante parmi les agriculteurs français. Ces derniers voient également la situation de l'épizootie de la dermatose nodulaire contagieuse comme un facteur aggravant de leur mécontentement.
Pour de nombreux acteurs économiques, la question du Mercosur reste cruciale, à la fois pour les enjeux agricoles en Europe et pour le positionnement stratégique sur le marché mondial. Comme l’a souligné le syndicat des agriculteurs, « l’avenir de notre agriculture est en jeu », et le report de la signature n'est qu'une solution temporaire à une problématique plus vaste.







