À l'approche des fêtes de fin d'année, les artisans chocolatiers gardent un œil attentif sur les fluctuations des cours du cacao, un marché en proie à des turbulences inédites. La période de Noël représente traditionnellement entre 40 et 50 % de leur chiffre d'affaires, souligne Thierry Lalet, président de la Confédération des chocolatiers et confiseurs de France.
En effet, la période des fêtes est cruciale : le panier moyen dans une chocolaterie se situe entre 50 et 55 euros, largement plus élevé qu'à Pâques. Malgré l'inflation persistante, les amateurs de chocolat français continuent d'apprécier leur douce tradition, avec une consommation annuelle moyenne de 12,3 kg par foyer. "Nous avons accepté de rogner sur nos marges pour ne pas répercuter intégralement les hausses de prix", indique Lalet, ajoutant que les prix ont augmenté d'environ 12 % en deux ans.
Entreprises fragilisées par l'inflation
Les prix du cacao ont connu une envolée vertigineuse, passant d'environ 2 600 dollars à la tonne en début 2023 à des sommets historiques autour de 12 000 dollars, avant de se stabiliser autour de 5 000 dollars. Cette volatilité a fragilisé de nombreux acteurs du secteur. "Pour les fêtes, nous avons fabriqué nos produits avec des prix du cacao encore élevés, achetés bien en amont. Nous espérons des prix plus raisonnables en janvier", explique Lalet.
La crainte est palpable parmi les artisans qui, pour certains, ont déjà rencontré des difficultés de trésorerie cette année. Un bon chiffre d'affaires durant les fêtes est crucial pour assurer la viabilité des entreprises. Selon le Syndicat du chocolat, les ventes de Noël dans les grandes surfaces ont atteint 744 millions d'euros, soulignant l'importance de cette période pour l'industrie.
Un marché sous pression climatique
Les causes de cette inflation complexe sont multiples, allant de l'augmentation des coûts énergétiques jusqu'à celle des matières premières comme le sucre et les emballages. Mais le facteur clé reste le cacao, dont les récoltes ont été gravement touchées en Afrique de l'Ouest à cause du réchauffement climatique et de maladies infectieuses. Patrick Collin, PDG du groupe Cémoi, avertit que la production en Côte d'Ivoire a chuté de 2,2 millions de tonnes en 2020 à 1,8 million actuellement.
Face à ces défis, une modernisation des pratiques agricoles est essentielle. "L'Amérique du Sud a effectué une transformation de son secteur qui a conduit à une amélioration significative des rendements. Si l'Afrique de l'Ouest s'engage dans cette voie, cela pourrait révolutionner la filière", ajoute Collin.
Thierry Lalet insiste également sur la nécessité d'un soutien accru aux producteurs, pour leur permettre d'adopter des pratiques durables et d'assurer une production constante. "Cette volatilité des prix n'est bénéfique ni pour nous ni pour les producteurs", conclut-il.







