Dans trois semaines, la Bulgarie mettra fin à l'utilisation de son ancienne monnaie, le lev, pour adopter l'euro, marquant ainsi une nouvelle étape dans son intégration à l'Union européenne. Toutefois, cet événement arrive en plein tumulte politique, puisque le gouvernement de Rossen Jeliazkov a démissionné suite à des manifestations massives qui ont secoué le pays, s'opposant à un budget jugé favorisant la corruption.
Les récentes protestations, les plus importantes que le pays ait connues depuis une décennie, révèlent une profonde méfiance envers les institutions. Selon Bloomberg, la situation en Bulgarie pourrait entacher la réputation de l'Europe alors que ce pays fût récemment invité à rejoindre la zone euro. Boryana Dimitrova, directrice de l'institut de sondages Alpha Research, souligne que la question du budget a cristallisé la colère populaire, traduisant de manière claire "le problème de la corruption" qui plague le pays.
L’origine des manifestations ne se limite pourtant pas à l’adoption de l’euro. Les opposants dénoncent des mesures fiscales, telles que l’augmentation des cotisations sociales et l’impôt sur les dividendes, qui pourraient exacerber les détournements de fonds. En effet, la Bulgarie est régulièrement classée parmi les pays les plus corrompus de l’UE, selon Transparency International.
Pourtant, cette étape vers l’euro est perçue par certains comme une opportunité d'accélérer le rattrapage économique. Le pays a déjà vu son PIB par habitant progresser substantiellement, aidé par les fonds européens représentant environ 25% de son PIB entre 2007 et 2024. D'autres analystes, comme Cynthia Kalasopatan Antoine de BNP Paribas, estiment que l’adoption de l’euro pourrait stimuler l’industrie et le tourisme, secteurs vitaux pour l’économie bulgare.
Malgré ces espoirs, les inquiétudes demeurent. Les Bulgares craignent que l'adoption de l'euro entraîne une inflation accrue, qui pourrait affecter encore plus les ménages dans un pays où le PIB par habitant est le plus faible de l'UE, à seulement 66% de la moyenne européenne. La situation démographique du pays complique davantage le tableau, avec une population en déclin et une espérance de vie parmi les plus basses de l'Union.
Alors que la Bulgarie se prépare à entrer dans la zone euro le 1er janvier, le chemin est parsemé d'embûches. Les responsables devront naviguer dans un environnement politique tumultueux, tout en rassurant une population méfiante, afin d’assurer que cette adoption de l’euro ne soit pas juste un symbole, mais un réel levier de développement économique.







