Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, a récemment annoncé son intention de déposer un projet de loi visant à autoriser la réouverture des maisons closes, mais sous une nouvelle forme coopérative gérée par les prostituées elles-mêmes. Cette initiative, qui veut défier près de 80 ans de législation abolitionniste, a pour objectif de transformer la perception de la prostitution dans le pays.
En effet, le modèle de l'ancienne maison close, qui a existé en France de 1804 à 1946, pourrait faire place à des lieux où les travailleurs du sexe auraient leur mot à dire sur l'organisation et la gestion, s'affranchissant ainsi de l'autorité des proxénètes. « Les prostituées seraient impératrices en leur royaume », a-t-il déclaré, soulignant une volonté de fournir un cadre protecteur et respectueux pour ces femmes, qui aujourd'hui sont souvent exposées à des risques accrus en raison de leur statut illégal.
Ce projet suscite de vives réactions, tant au sein du Rassemblement National que dans l'opinion publique. Bien que certains applaudissent cette démarche comme un pas vers la dépénalisation, d'autres, notamment parmi les élus catholiques conservateurs, s'y opposent fermement. Des voix critiques affirment que ce retour aux maisons closes pourrait aggraver la stigmatisation des travailleurs du sexe plutôt que de les aider à sortir de la précarité.
Historiquement, la France a pris des mesures pour pénaliser les clients dans le cadre d'une loi instaurée en 2016, visant à réduire l'exploitation et à favoriser un parcours de sortie pour les prostituées. « Cette loi a aggravé la situation des travailleuses du sexe », affirme Tanguy, espérant que sa proposition pourrait changer les choses.
Pourtant, la question demeure: la réouverture de maisons closes peut-elle réellement améliorer les conditions de vie et de travail des prostituées ? Des experts et des défenseurs de droits des femmes, comme ceux de l'association Médecins du Monde, mettent en garde contre les conséquences négatives d'une telle réglementation, tout en appelant à un meilleur accompagnement social pour ce public marginalisé.
Dans ce contexte tendu, le projet de loi pourrait non seulement provoquer des débats animés, mais également redéfinir le paysage législatif de la prostitution en France dans les années à venir.







