L'ancien Premier ministre François Fillon a récemment contesté la notion de "barrage républicain" contre le Rassemblement National (RN). Dans un entretien accordé au Figaro, il affirme que cette approche constituerait un "déni de démocratie". Pour Fillon, "tous les partis qui respectent la Constitution doivent avoir leur place dans le débat", incluant le RN, qui selon lui est désormais un acteur légitime de la politique française.
Le sujet est d'autant plus brûlant à la lumière des récentes déclarations de Nicolas Sarkozy, qui a promis à Marine Le Pen de ne pas soutenir une éventuelle coalition contre le RN, comme il l’a révélé dans son ouvrage Le journal d'un prisonnier. En réponse, Fillon souligne que faire appel à un "front républicain" serait réduire la démocratie à une simple manœuvre électorale.
Fillon, qui a lui-même fait face à des accusations de détournement de fonds publics, a par ailleurs précisé sa position concernant l'état actuel des finances françaises. Selon lui, Emmanuel Macron a contribué à la détérioration de la situation en méprisant les solutions qu'il avait proposées lors de son propre mandat. "À la place de Macron, je démissionnerais pour éviter de prolonger la crise", a-t-il déclaré.
Il a également émis l'idée que si le président choisit de poursuivre son mandat, il devrait envisager une dissolution de l'Assemblée nationale pour permettre au peuple de s'exprimer. Cette déclaration, relevée par Le Monde, met en avant un profond malaise sur la légitimité des représentants actuels.
Des analystes politiques comme Jérôme Fourquet, directeur du Département opinion à l'IFOP, soulignent que les propos de Fillon reflètent une évolution dans la perception du RN au sein des partis traditionnels. Les experts affirment que la lutte contre le RN amène à examiner les causes profondes du mécontentement populaire, et pas seulement à le désigner comme adversaire. Comme l’a déclaré Fourquet, "le rejet systématique peut avoir l'effet inverse de celui escompté et renforcer le soutien au RN".
Ce débat sur la légitimité du RN dans le paysage politique français continuera sans doute à diviser les opinions, alors que les élections approchent.







