Dans une décision qui fait grand bruit, la Cour de cassation a confirmé mardi la condamnation de Marine Le Pen pour diffamation envers l'organisation non gouvernementale Cimade, spécialisée dans l'aide aux migrants. Accusée d'avoir imputé à l'association le rôle d'organisatrice d'une filière d'immigration clandestine entre les Comores et Mayotte, ses déclarations ont été jugées inacceptables.
La haute juridiction française a en effet rejeté le pourvoi déposé par la présidente du Rassemblement national (RN), qui se verra donc contrainte de s'acquitter d'une amende de 500 euros avec sursis. Pour Me Patrice Spinosi, avocat représentant la Cimade, cette décision souligne que « les limites de la liberté d'expression ont été dépassées » et que « le statut de personnalité politique n’est pas une excuse pour faire des déclarations infondées ».
Des accusations sévères envers les ONG
En janvier 2022, lors d'une interview sur BFMTV, Marine Le Pen avait déjà suscité la controverse en insinuant que certaines associations humanitaires pouvaient être « complices des passeurs » de migrants. En réponse à une question sur le rôle des organisations dans le délit d’entrée, elle avait affirmé : « Parfois, oui, ils sont même complices des passeurs. »
Avec cette condamnation, Marine Le Pen, qui est actuellement inéligible à cause d’une autre affaire, renforce un climat de méfiance autour des organisations qui interviennent auprès des migrants. Des experts, tels que le sociologue Michel Agier, soulignent que de telles déclarations politiques peuvent avoir des conséquences néfastes sur la perception des actions humanitaires en France, rendant la situation encore plus délicate pour les associations engagées.
Alors qu'elle se prépare à un appel prévu entre janvier et février 2026 concernant d’autres affaires judiciaires, cette condamnation pourrait avoir un impact significatif sur son avenir politique, notamment à la veille de la prochaine élection présidentielle en 2027. En effet, ce revers judiciaire pourrait peser sur l'image publique de la leader du RN, à un moment où elle tente de crédibiliser son parti auprès d'un électorat large et préoccupé par les enjeux migratoires.
Les résultats d’un sondage récent, réalisé par Ifop, indiquent que 65 % des Français estiment que les politiciens doivent faire preuve de prudence dans leurs commentaires concernant les migrants et les ONG. Ce retour de la justice sur les propos de Marine Le Pen pourrait ainsi être le signe d’un besoin plus large de responsabilisation au sein du débat public sur l'immigration en France.







