Le projet d'un hôtel de luxe, porté par Jared Kushner, gendre de l'ancien président Donald Trump, sur le site de l'ancien quartier général de l'armée yougoslave à Belgrade, a été annulé. Cette décision est survenue après le retrait d'Affinity Partners, la société d'investissement de Kushner, au milieu de soupçons de corruption et d'une enquête judiciaire en Serbie.
Le président serbe, Aleksandar Vučić, a confirmé l'abandon du projet, qualifiant la situation de "chasse aux sorcières" contre les investisseurs et les initiatives de changement en Serbie. Le complexe, dont le coût était estimé à au moins 750 millions d'euros, devait comporter un hôtel haut de gamme ainsi que des tours modernes, mais le contexte historique du site, bombardé par l'OTAN en 1999, a suscité des inquiétudes.
Affinity Partners a justifié son retrait dans une déclaration au Wall Street Journal, soulignant que les grands projets devraient unir plutôt que diviser : « Par respect pour le peuple serbe et la ville de Belgrade, nous retirons notre candidature et faisons une pause sur le projet pour le moment ». Ce projet aurait pu transformer un site historique en une destination touristique, mais les répercussions de la décision sont lourdes.
Cette annonce a été amplifiée par l'inculpation du ministre serbe de la Culture, Nikola Selaković, et d'autres responsables, accusés d'abus de pouvoir et de falsification de documents. Le parquet anti-corruption a révélé des irregularités dans le processus qui a permis de supprimer le statut de "patrimoine culturel" du site. Goran Vasić, directeur par intérim de l'Institut pour la protection des monuments culturels, a reconnu avoir falsifié des documents en rapport avec cette affaire.
Le site, construit en 1965 et déclaré monument protégé en 2005, reste un point de référence historique à Belgrade. Vučić, bien qu'ayant soutenu le projet, a exprimé son regret face à son abandon, avertissant que le site pourrait succomber au temps et à l'oubli. Dans un climat politique déjà tendu, où des manifestations antigouvernementales ont eu lieu ces derniers mois, la modernisation et la revitalisation de ce lieu emblématique semblaient être un enjeu crucial de la politique de Vučić.
La situation actuelle souligne les défis que rencontrent les investisseurs étrangers dans la région, notamment face à des allégations de corruption qui pourraient ternir une image déjà fragile. Des experts en urbanisme ont suggéré que l'abandon de ce projet pourrait compromettre le développement futur de la ville, incitant les gouvernements à créer un environnement plus accueillant pour les investissements.







