À Bruxelles, la fronde des agriculteurs s'intensifie contre le projet d'accord commercial avec le Mercosur. Après une journée de protestations marquée par des tensions, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a annoncé le report de la signature de cet accord à janvier.
Des scènes de colère ont rythmé la mobilisation, avec des pneus en flammes et des jets de pommes de terre contre les forces de l'ordre qui ont riposté avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Selon la police bruxelloise, environ 7 300 manifestants, accompagnés de près de 950 tracteurs, ont défilé à travers la capitale européenne. Cette mobilisation s'inscrit dans un contexte de mécontentement plus large, où des agriculteurs de plusieurs pays soutiennent le mouvement, citant des préoccupations liées à la politique agricole européenne et à la taxation des engrais.
Le projet d'accord entre l'UE et le Mercosur vise à établir l'une des plus grandes zones de libre-échange au monde, une initiative qui a suscité des réactions partagées. Les agriculteurs français, soutenus par leurs homologues en Pologne et en Italie, redoutent des retombées néfastes pour leur secteur, notamment en matière de concurrence avec les produits sud-américains, souvent jugés moins chers et moins réglementés, ce qui pourrait menacer leurs revenus. Comme l'explique un porte-parole d'une organisation agricole, « notre fin, c'est votre faim », soulignant ainsi les enjeux fondamentaux pour la souveraineté alimentaire.
Cette contestation met en évidence un clivage au sein des États membres de l'UE. Alors que l'Espagne et l'Allemagne soutiennent cet accord, d'autres, comme la France et la Pologne, appellent à son report, suite à des préoccupations environnementales et sociales. La présidente de la Commission, lors d'un sommet avec les dirigeants des 27 pays membres, a pris note de cette opposition croissante, donnant lieu à un report nécessaire pour obtenir un consensus.
Face à cette situation, plusieurs experts du domaine agronomique soulignent que la réforme de la politique agricole commune (PAC) devra être repensée pour mieux répondre aux enjeux contemporains. Un agronome a déclaré : « Les agriculteurs doivent être au cœur des décisions qui les concernent, afin d'assurer une agriculture durable et équitable. »
Le rapport entre l'UE et le Mercosur, incluant le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay, devra donc être revisité, alors que cette vaste zone commerciale continue de susciter des interrogations sur ses impacts réels sur les économies locales et l'environnement.







