En ce début d'hiver, Arctic Snowplows, une entreprise canadienne à la réputation bien établie dans le déneigement, se trouve confrontée à un défi de taille : une chute drastique de ses ventes aux États-Unis, conséquence directe des tarifs douaniers imposés par l'administration Trump.
Basée en Ontario, cette société, qui a construit sa clientèle sur des décennies de vente de déneigeuses en acier dans tout le pays américain, ressent l'absence de commandes en raison des nouveaux droits de douane qui rendent leurs produits nettement plus coûteux.
« Une augmentation de 500 dollars sur un appareil coûtant 10 000 dollars est un coup dur », déclare Mike Schulz, président de l'entreprise, illustrant la réaction des clients face à ces hausses de prix. En l’absence de clients américains, l’entreprise, fondée en 1969, s’achemine vers une période d'incertitude, avec des impasses en matière d’emploi.
Actuellement, bien que l'essentiel des échanges entre les deux pays demeure exempt de droits de douane, l'imposition de tarifs sur des secteurs clés comme l'acier et l'aluminium pèse lourdement sur l’économie canadienne. Des grandes entreprises comme Algoma Steel ont dû procéder à des licenciements, perdant 1 000 employés en raison des coûts engendrés par ces nouvelles politiques.
Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a souligné que le protectionnisme américain entraînerait des « coûts plus élevés et des revenus en baisse » pour les Canadiens, précisant qu'il ne s'agit pas d'un simple ralentissement momentané, mais d'une « transition structurelle » à long terme.
Pour contrer cette tendance, le Premier ministre canadien, Mark Carney, en appelle à une expansion du commerce intérieur et à la recherche de nouveaux marchés, notamment en Asie et en Europe. Toutefois, cette stratégie trouve des limites pour Arctic Snowplows, où le marché canadien ne représente qu'une fraction des ventes réalisées historiquement aux États-Unis.
« J'ai trouvé un distributeur à Saskatoon, mais j'ai perdu New York », regrette Mike Schulz. Alors que les ambitions patriotiques demeurent, le volume des affaires ne suit pas, rendant la survie de l’entreprise précaire.
Quant à l’envoi vers l’Europe, le coût du transport maritime peut rapidement dépasser les limites de rentabilité pour un produit aussi volumineux. Même lorsque certaines avenues semblent prometteuses, les doutes persistent quant à la stratégie de Carney. La décision récente d’annuler de nombreux droits de douane canadiens en représailles des mesures américaines n’a, jusqu’à présent, pas réussi à relancer les négociations.
La frustration de Mike Schulz est palpable : « L’équilibre que nous avions avec nos concurrents américains est désormais rompu, et les perspectives de discussions prochaines semblent vaines ». Alors que la pression s'intensifie, Arctic Snowplows, comme beaucoup d'autres petites entreprises canadiennes, attend avec impatience des solutions adaptées qui pourraient permettre de redresser la barre dans cette guerre commerciale dévastatrice.







