La Banque du Japon (BoJ) s'apprête à annoncer une hausse de son taux directeur, atteignant un niveau inégalé depuis 1995, ce qui pourrait bouleverser le paysage économique du pays. Cette décision survient alors que l’inflation japonaise, qui a atteint 3 % en octobre, impose une pression croissante sur l'économie déjà fragilisée par des mesures douanières américaines impactant les exportations et par une consommation interne en berne.
Les économistes anticipent que cette augmentation pourrait se porter à 0,75 %, marquant ainsi le premier resserrement monétaire depuis janvier. Kazuo Ueda, le gouverneur de la BoJ, a évoqué la nécessité de cette mesure pour stabiliser le yen, toujours en difficulté face aux devises étrangères, notamment le dollar. Selon des experts de Fitch Solutions, « la pression pour agir vient du besoin de réagir avant que des facteurs défavorables n’impactent davantage l'économie ».
Cette décision de la BoJ intervient dans un contexte de plan de relance massif, annoncé par la Première ministre Sanae Takaichi, impliquant un budget supplémentaire de 117 milliards d'euros pour stimuler les dépenses des ménages. Cependant, les prévisions du Fonds monétaire international indiquent que la dette peut dépasser 232 % du PIB d’ici 2025, suscitant des inquiétudes sur la viabilité budgétaire du pays.
Les ramifications de ces politiques sont déjà visibles sur le marché de la dette. Les rendements des obligations japonaises ont atteint des niveaux historiques, une tendance que les analystes décrivent comme un résultat direct des attentes de hausse des taux. Comme l'a souligné Robin Brooks de la Brookings Institution, « les taux, historiquement bas grâce aux rachats d’actifs de la BoJ, pourraient subir une pression supplémentaire, provoquant une chute de la valeur du yen et augmentant les coûts du crédit pour les entreprises et les ménages ».
Malgré les efforts du gouvernement pour maintenir une politique budgétaire « proactive et responsable », des experts comme Takahide Kiuchi du Nomura Research Institute avertissent que les mesures proposées manquent de clarté et pourraient entraîner une panique sur les marchés financiers. La combinaison d’une hausse des rendements et d’une chute du yen pourrait créer un cocktail explosif, perturbant gravement l'économie japonaise.
Un consensus émerge parmi les analystes économiques : si le Japon ne prend pas de mesures concertées pour gérer cette situation, il risque de glisser sur une pente glissante, marquée par un effondrement potentiel de ses marchés financiers et de sa stabilité économique.







