Le vendredi 12 décembre, le Théâtre Molière de Sète a vibré au rythme des histoires croisées d'une troupe unique, composée à la fois de résidents locaux et de demandeurs d'asile. Le spectacle, intitulé "Prête-moi ta langue", illustre de manière saisissante la richesse du plurilinguisme dans un contexte théâtral.
L'initiative, portée par l'association Passeurs d'œuvres contemporaines (POC !), vise à briser les barrières linguistiques et culturelles. Les 16 artistes, mélangeant des origines diverses allant du turc à l'arabe en passant par l'anglais et le lingala, se sont engagés dans un processus collaboratif d'écriture et d'interprétation. Les acteurs jouent des rôles inspirés de leur propre vie, proposant une authenticité rare sur scène.
Des échanges au-delà des mots
Anne-Marie, l'une des participantes, confie : “J'ai pu m'ouvrir au monde grâce à eux et découvrir des cultures nouvelles”. Pour Yazid, un Sétois faisant ses débuts sur les planches, cette expérience est “une opportunité inestimable”. Selon Anne Zimmer, la metteuse en scène, l'intention était non seulement de favoriser les échanges entre des personnes habituellement séparées, mais aussi d'apprendre à exprimer des émotions sans nécessairement passer par la langue. “On utilise beaucoup le langage corporel,” déclare-t-elle.
Un projet d'intégration véritable
Le projet n'a pas de synopsis préétabli ; les acteurs ont créé la pièce à partir de leurs propres histoires de vie, en se centrant sur des thèmes tels que l'accueil et le plurilinguisme, comme l'indique Emmanuelle Guerry, présidente de POC !. “Tout le monde en sort grandit,” ajoute-t-elle, évoquant les retombées positives sur la confiance en soi et le besoin de connexion sociale.
Bilal, un participant algérien, témoigne des bénéfices : “Cela m'a donné confiance en moi et l'envie de m'intégrer”. De même, Khadija, une autre protagoniste locale, voit dans cette aventure une manière de briser la solitude. Zia et Farhad, fraîchement arrivés d'Afghanistan, décrivent leur expérience à Sète comme la découverte d'une “deuxième famille”, confessant : “Parler de nous, ça fait chaud au cœur.”
Cette représentation, suivie d'une seconde à la Passerelle de l'Île de Thau, se veut également un appel à l'ouverture et à l'entraide, des valeurs fondamentales dans notre société. En mettant en lumière ces interactions enrichissantes, les organisateurs montrent que le théâtre peut être un puissant vecteur d'intégration, comme l'affirme le site d'information FranceBleu, qui a couvert cet événement.







