Les suspicions de collusion entre les médias de l’audiovisuel public et la gauche ont atteint un nouveau sommet avec l’audition de Thomas Legrand et Patrick Cohen, prévue ce jeudi. Les deux journalistes, récemment mis sous les feux de la rampe après la diffusion d'une vidéo compromettante, seront interrogés par les députés sur les circonstances de leur rencontre avec des membres du Parti Socialiste.
Charles Alloncle, député UDR et rapporteur de la commission d'enquête, a exprimé son anticipation, déclarant : "Il est crucial d'éclaircir les doutes sur cette collusion, et j'espère que nos interlocuteurs admettront leurs erreurs."
Thomas Legrand, quant à lui, a manifesté son impatience à expliquer sa version des faits, affirmant à l’AFP : "Tout cela découle d'une manipulation grossière." Cette situation a eu des répercussions immédiates, avec la suppression de son émission sur France Inter.
La vidéo, révélée par le magazine L'Incorrect, a été tournée dans un restaurant parisien et a montré Legrand et Cohen discutant de stratégies politiques avec des figures du PS, notamment en évoquant Rachida Dati, candidate de la droite à Paris. Les paroles de Legrand concernant les stratégies de la gauche aux élections ont fait l'objet de critiques acerbes.
Sibyle Veil, présidente de Radio France, a reconnu que certaines déclarations étaient "problématiques", mais a dénoncé l'instrumentalisation de cet incident par des groupes politiques. Dans un contexte déjà tendu, elle a souligné que les accusations portées contre les journalistes étaient sans fondement.
L’affaire a ravivé les tensions entre les organes de l'audiovisuel public et les médias de droite, notamment CNews et Europe 1, qui ont été accusés par Radio France et France Télévisions de répandre des allégations mensongères. Ces derniers ont même décidé de porter plainte pour diffamation.
La commission d'enquête, mise sur pied fin novembre, a déjà interrogé plusieurs figures de l'audiovisuel, suscitant un climat d'agitation. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a averti que ces commissions pouvaient être détournées à des fins politiques, ce qui a bénéficié à des tensions au sein du débat.
Pour ce qui est de la responsabilité des journalistes, le président de la commission, Jérémie Patrier-Leitus, a noté que Legrand et Cohen "ne viennent pas se défendre devant des juges", mais l'émoi suscité par la vidéo témoigne d'inquiétudes plus larges au sein de l'opinion publique. Par ailleurs, des révélations récentes sur des conversations privées où Legrand aurait discuté de collaborations inappropriées avec des membres du PS ajoutent une couche supplémentaire à cette affaire déjà explosive.
Avec les débats qui s’annoncent riches en tension, tous les yeux seront braqués sur cette commission, un révélateur des liens entre médias et politique en France. Sécurisée, l’audiovisuel public pourrait se retrouver à un carrefour décisif dans la perception qu’en a le grand public.







