Depuis plusieurs semaines, un mouvement de protestation spectaculaire agite Sofia, la capitale bulgare, attirant des dizaines de milliers de manifestants dans ses rues. Ces rassemblements, motivés par une profonde insatisfaction envers le gouvernement, dénoncent son incapacité à faire face à une crise budgétaire persistante.
Les slogans « Démission » et « Dégagez » résonnent à la place de l’Indépendance, où les manifestants, majoritairement jeunes, se mobilisent pour exiger des réformes. Ce mécontentement a débuté fin novembre, lorsque le gouvernement a tenté d’adopter rapidement le budget de 2026, marqué par une hausse des impôts et des cotisations sociales. Ces mesures sont perçues comme une tentative d’« dissimulation » de détournements supposés de fonds, selon les affirmations des manifestants et de l’opposition.
Face à la pression populaire, le gouvernement a retiré son projet de budget le 3 décembre, mais cela n’a pas apaisé la colère. Un nouveau budget a été proposé récemment, sans réussir à calmer les esprits.
Le contexte politique instable
La coalition au pouvoir, formée en janvier, se montre fragile, après avoir traversé sept élections en moins de quatre ans. Le gouvernement, constitué des conservateurs du GERB et d'autres partis, est soutenu au Parlement par la minorité turque. Ce climat d’instabilité politique alimente les frustrations.
Un président sur le front des contestations
Le président bulgare, Roumen Radev, a manifesté son soutien aux manifestants, allant jusqu’à appeler à la démission du gouvernement. Récemment, il a évoqué l’idée de fonder son propre parti pour mieux représenter les aspirations des citoyens. Comme le rapportent plusieurs médias locaux, Radev a aussi suggéré l'organisation d'un référendum concernant l’adoption de l'euro, une question brûlante pour la Bulgarie, l’un des pays les plus corrompus de l’UE, selon Transparency International.
Ce mouvement de contestation semble donc refléter un besoin plus large de changement, alors que le pays a intégré l’Union européenne depuis 2007 sans véritable amélioration de la situation économique pour une majorité de ses citoyens.
Les manifestations continuent de croître, mais le gouvernement semble sourd aux revendications populaires, et l’avenir politique de la Bulgarie demeure incertain. Comme l’exprime un analyste politique cité par Le Monde, « la colère des citoyens pourrait bien voir émerger des leaders politiques capables de répondre à leurs attentes ». Une situation à suivre de près.







