Des dizaines de milliers de Bulgares ont envahi les rues de Sofia pour exprimer leur mécontentement envers le gouvernement, marquant une mobilisation notable depuis de nombreuses années. Le ras-le-bol collectif s'est intensifié autour du budget 2026, incitant les manifestants à scander des slogans tels que "Démission !" et à brandir des pancartes portant des messages tels que "J’en ai marre !".
"Je suis ici en raison de la corruption omniprésente. La situation est devenue intenable. Beaucoup de mes amis ont quitté le pays et ne reviendront pas", confiait Gergana Gelkova, une employée de commerce de 24 ans, qui ajoute que "les parasites au pouvoir doivent partir".
Le mécontentement s'est diffusé parmi les jeunes depuis fin novembre, lorsque le gouvernement a tenté d'adopter rapidement un projet de budget en euros, qui, selon les opposants, aurait entraîné une hausse des impôts et des cotisations sociales pour masquer les détournements de fonds. Les manifestations ont culminé après que le gouvernement a retiré son projet, mais cela n'a pas suffi à apaiser les esprits.
Boryana Dimitrova, directrice de l’institut de sondages Alpha Research, indique que "les Bulgares n'ont plus confiance en leurs institutions". La mise en place de l'euro, prévue pour le 1er janvier, suscite également des inquiétudes quant à l'augmentation des prix, rendant les citoyens encore plus vigilants.
Les manifestants pointent également du doigt Delyan Peevski, un ancien magnat des médias, accusé d'exercer une influence disproportionnée sur la politique et les médias. Sanctionné par les États-Unis et le Royaume-Uni pour corruption, Peevski est perçu comme un symbole de l'élite corrompue qui gouverne le pays.
Au milieu de cette tourmente, la coalition de gouvernement actuelle, formée après sept élections en moins de quatre ans, repose sur un fragile équilibre politique. L'ancien Premier ministre Boïko Borissov a suggéré qu'une démission pourrait intervenir après l'introduction de l'euro, tandis que le président Roumen Radev a récemment exprimé son soutien aux manifestants et a évoqué la création de son propre parti.
En effet, la Bulgarie, souvent classée parmi les pays les plus corrompus de l'Union européenne, est à un tournant décisif. Les voix appelant à un changement urgent résonnent fort, et beaucoup espèrent que cette mobilisation populaire pourra ouvrir la voie à une réelle réforme politique. En effectuant un parallèle avec les insatisfactions générales observées dans d'autres pays européens, l'expert Mihail Konstantinov estime que "les citoyens cherchent à reprendre le pouvoir, et cela passe par l'expression de leur mécontentement".







