Le Chili s'apprête à élire son nouveau président lors d'un second tour prévu ce dimanche, où les thèmes de l'insécurité et de l'immigration dominent le paysage électoral. José Antonio Kast, leader d'extrême droite, apparaît comme le favori face à Jeannette Jara, candidate de gauche.
Kast, à la tête du Parti Républicain, fait de la lutte contre la criminalité une priorité, promettant d'expulser les quelque 337.000 migrants en situation irrégulière. S'il remporte le scrutin, il deviendra le premier président d'extrême droite depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet en 1990, un fait qui soulève d'ores et déjà des inquiétudes au sein de la population.
Alors que la criminalité a considérablement augmenté — avec une hausse de 140 % des homicides depuis une décennie selon le rapport gouvernemental —, les sondages bénéficient à Kast qui dispose d'une avance significative dans les intentions de vote face à Jara. La candidate du Parti communiste, bien qu'elle ait remporté le premier tour en novembre dernier, n'a pas su capitaliser sur cette victoire, les candidats de droite ayant cumulé plus de 50 % des voix au total.
Le climat d'insécurité dans lequel évolue le Chili, classé parmi les pays les plus sûrs de la région, reste pourtant préoccupant. Les chiffres annoncés par le gouvernement indiquent que la moyenne des homicides a grimpé à 6 pour 100.000 habitants en 2024, tandis que la moyenne régionale, selon l'ONU, s'élève à 15. Les enlèvements, eux, ont explosé de 76 % entre 2021 et 2024, avec un total de 868 cas enregistrés l'année dernière.
- Un compte à rebours inquiétant -
À l'approche du scrutin, Kast met en avant sa promesse de créer un mur à la frontière bolivienne et d'envoyer 3.000 militaires renforcer la sécurité aux frontières. Il entend également se démarquer des pratiques anti-immigration observées aux États-Unis, promouvant des contrôles stricts plutôt que des descentes de police.
En contraste, Jeannette Jara, 51 ans, modifie son discours pour intégrer davantage la question de la sécurité, tout en maintenant ses propositions sociales. Elle défend un salaire minimum de 800 dollars, et a notamment été à l'initiative de la réduction de la semaine de travail à 40 heures lorsqu'elle était ministre du Travail. "Il est essentiel de garantir une sécurité économique et sociale", a affirmé Jara.
Enfin, Valentina Valenzuela, une étudiante de 20 ans, souligne l'importance de prendre en compte des enjeux au-delà de la criminalité : "Les questions économiques et sociales sont également cruciales pour notre avenir".
Le second tour de cette élection représente une véritable épreuve de force qui pourrait redéfinir l'avenir du pays. Avec une population inquiète, le choix des électeurs s'articulera autour d'une promesse de sécurité face à des enjeux sociaux plus larges, comme le souligne l'analyste politique Alejandro Olivares de l'Université du Chili.







