La coiffure en France, un secteur représentant près de neuf milliards d'euros de chiffre d'affaires, fait face à une révolution. En effet, la tendance des ‘barber shops’ attire de plus en plus d'hommes souhaitant des coupes modernes et à prix abordables. Cependant, cette nouvelle mode n'est pas sans conséquences pour les salons traditionnels qui doivent redoubler d'efforts pour conserver leur clientèle.
Depuis l'apparition des barber shops, généralement conformes aux normes du travail, certains professionnels dénoncent une concurrence jugée déloyale. Comme le souligne Christophe Doré, président de l’Union nationale des entreprises de la coiffure (Unec), « même métier, mêmes règles » est la revendication d’une profession qui se sent délaissée face à des établissements qui tirent profit de la mode. En effet, alors qu'une coupe rapide peut être proposée à 10 euros, le même service effectué dans un salon conventionnel coûte en moyenne le double.
Des contrôles jugés insuffisants
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a intensifié ses contrôles pour s'assurer du respect des normes, mais les résultats restent peu transparents. Actuellement, 350 signalements concernant des barber shops ont été reçus, mais peu de données sont disponibles concernant les fermetures ou les amendes imposées.
Cédric Vauthier, gérant d’un salon à Paris, affirme que la concurrence des barbers peut forcer les salons à se réinventer mais s’inquiète pour ses confrères situés dans des zones où l’offre est dominée par les barber shops. En réponse à cette concurrence, les coiffeurs traditionnels innovent en proposant des services haut de gamme et des soins personnalisés. Selon le Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), le prix moyen d'une coupe a augmenté, atteignant 40,4 euros en 2024, contre 38,2 euros un an auparavant.
Une réforme récente a assoupli les conditions d’ouverture d’un salon, permettant à ceux ayant un CAP ou trois années d'expérience de prendre les rênes d’un établissement, facilitant ainsi la prolifération de ces nouveaux salons. Cette modification des normes a, selon certains experts, mis en péril la qualité des services fournis et a rendu encore plus difficile la tâche des coiffeurs traditionnels pour se distinguer sur le marché.
Les expertises de la profession soulignent qu'aujourd'hui, il est essentiel non seulement d’offrir une coupe, mais également d’innover avec des prestations comme le lavage, le soin, et des expériences personnalisées qui fidélisent les clients. En somme, la créativité pourrait bien devenir la clé de la survie pour les salons de coiffure face à la montée inéluctable des barber shops.







