Les autorités béninoises ont annoncé, dimanche, qu'elles avaient évité une tentative de coup d'État visant à renverser le président Patrice Talon. Dans un message à la nation, Talon a affirmé que la situation était désormais "totalement sous contrôle".
Cette tentative matérialise l'instabilité politique qui touche l'Afrique de l'Ouest, où des coups d'État ont eu lieu récemment au Mali, Burkina Faso et Niger. Ce contexte est d'autant plus préoccupant que Talon, au pouvoir depuis 2016, s'apprête à quitter son poste à la fin de son mandat en 2026, créant un climat de tension préélectoral.
Des témoins ont rapporté des coups de feu près de la présidence, suivis par l'apparition de militaires sur les chaînes de télévision nationales, annonçant la destitution de Talon en raison de la "dégradation de la situation sécuritaire" et d'une supposée atteinte aux "libertés fondamentales". Dans la foulée, Alassane Seidou, le ministre de l'Intérieur, a affirmé que la tentative de coup avait été maîtrisée.
"Cette forfaiture ne restera pas impunie", a déclaré Patrice Talon, tout en félicitant la garde républicaine. Il a ensuite reçu le soutien de la CEDEAO, qui a annoncé l'envoi de troupes en provenance du Nigeria, de la Côte d'Ivoire, de la Sierra Leone et du Ghana pour aider à maintenir l'ordre constitutionnel. Selon certaines sources militaires, une douzaine de soldats ont été capturés, parmi lesquels certains seraient impliqués dans le coup manqué
Le commandement de l'aviation nigériane a également mené des frappes à Cotonou, sans précisions sur les cibles, mais évoquant des "protocoles de la CEDEAO". Les forces de cette organisation sont souvent déployées pour préserver la paix dans la région, comme en 2017 en Gambie.
Des réactions ont également afflué de la communauté internationale, la France condamnant la tentative de coup et appelant ses ressortissants à la prudence en raison de la situation "encore volatile". Sur le terrain, la population semble divisée, certains candidats à la présidentielle, notamment l'actuel ministre des Finances Romuald Wadagni, étant perçus comme des favori pour les élections à venir.
La récente histoire politique du Bénin est marquée par plusieurs coups d'État, mais le dernier remonte à 1972. Un commerçant, Remy Agblo, a partagé son appréhension : "Aujourd'hui, c'est comme si je revivais ce que nos parents ont vécu en ce temps-là", témoignant d'une inquiétante nostalgie parmi la population.
Des experts soulignent que l'exclusion de certains acteurs politiques du processus électoral a exacerbé les tensions dans le pays. Ce climat de tension est inhérent à l'approche des élections et à l'accusation croissante d'autoritarisme dirigée contre Patrice Talon, qui, malgré des avancées économiques, est régulièrement critiqué pour sa gestion des libertés publiques.







