Netflix, géant incontesté du streaming, envisage de fusionner avec Warner Bros Discovery dans une opération évaluée à 83 milliards de dollars. Cette manœuvre pourrait non seulement renforcer le catalogue de contenus de la plateforme, mais aussi transformer de manière significative le paysage cinématographique mondial.
Les revenus des salles de cinéma américaines, déjà touchés par la pandémie, sont au plus bas, atteignant moins de 425 millions de dollars, un chiffre éloigné des 11 milliards d’avant COVID-19. L’échec de films comme Tron: Ares illustre cette crise. Avec une production de plus de 220 millions de dollars, ce film a rapporté seulement 73 millions d’euros aux États-Unis, mettant en lumière un malaise plus vaste au sein de l’industrie. Ce déclin menace notamment la survie de nombreuses salles qui voient leur fréquentation diminuer.
Dans ce contexte, le PDG de Netflix, Ted Sarandos, clame que l’acquisition de Warner pourrait contribuer à revitaliser Hollywood. Pourtant, cette vision est contestée par de nombreux syndicats du cinéma, qui craignent que ce nouveau géant du divertissement ne porte atteinte à l’emploi et à la créativité au sein de l’industrie. Jane Fonda, actrice emblématique, a exprimé ses inquiétudes quant aux effets néfastes potentiels de cette fusion sur l'écosystème créatif du cinéma.
Pour Netflix, la fusion avec Warner représenterait une opportunité de reprendre pied dans la distribution de films destinés à la sortie en salle, un aspect qu’elle néglige habituellement. Cependant, Ted Sarandos a aussi qualifié ce modèle de « dépassé », incitant Hollywood à s’adapter aux nouvelles préférences des téléspectateurs en matière de consommation médiatique.
L’impact de cette fusion pourrait ne pas se limiter à l'Amérique, les salles de cinéma du monde entier pourraient ressentir les conséquences. Michael O’Leary, de Cinema United, met en garde contre le fait que le modèle économique de Netflix pourrait perturber l’exploitation cinématographique globale, acculant les cinémas indépendants à la fermeture.
Dans l’Hexagone, la situation est compliquée. La réglementation française impose des délais stricts pour la diffusion sur les plateformes de streaming après la sortie d'un film en salle, ce qui pourrait réduire l’appétence de Netflix pour la distribution traditionnelle. Au lieu de sortir les films en salle, Netflix pourrait privilégier la diffusion exclusive sur sa plateforme, annihilant ainsi l’équité d’accès pour les exploitants. L’UNIC, l’union des exploitants cinématographiques européens, s’inquiète de la réduction potentielle du nombre de films diffusés dans les salles françaises, entrainant des conséquences économiques significatives.
Enfin, beaucoup s’interrogent sur l’impact de cette fusion sur les prix des abonnements. La Writers Guild of America prévoit une hausse inévitable des tarifs d’abonnement, alors que des voix s’élèvent, comme celle de la sénatrice Elizabeth Warren, pour souligner que ce nouveau monstre pourrait imposer des coûts plus élevés pour les consommateurs.
Les abonné(e)s français(es) ont déjà vécu plusieurs hausses tarifaires depuis 2014, et avec l'intégration potentielle d’HBO Max au sein de Netflix, cette tendance pourrait se poursuivre, rendant l’accès à d’anciens et nouveaux contenus encore plus onéreux. Avec plus de 300 millions d'abonnés à l'échelle mondiale, Netflix continue d’afficher des bénéfices florissants, rejoignant des stratégies de hausse des prix pour capitaliser sur son immense catalogue.







