Hong Kong s'apprête à vivre un moment crucial alors que les citoyens se présentent aux urnes pour élire leurs nouveaux législateurs. Cette élection, qui se déroule dans un contexte de tensions exacerbées suite à l'incendie le plus meurtrier de la ville depuis des décennies, s'annonce particulièrement chargée. La catastrophe, qui a touché le complexe résidentiel de Wang Fuk Court à la fin novembre, a coûté la vie à au moins 159 personnes, plongeant la ville dans le doute et la réflexion.
Les bureaux de vote ouvriront leurs portes à 7H30 (23H30 GMT samedi), offrant aux électeurs l'opportunité de choisir parmi 90 candidats, bien que seulement 20 sièges soient remplis par un vote direct. Cette élection survient après une campagne perturbée et un climat de méfiance, renforcé par les déclarations de l'agence de sécurité nationale de Hong Kong. Les autorités ont accusé certains médias internationaux, comme l'AFP, de propager de fausses informations, créant un climat de tension palpable.
À la veille des élections, le chef de l'exécutif, John Lee, a appelé à la mobilisation des électeurs, affirmant que se rendre aux urnes démontrait un soutien aux réformes indispensables pour faire face aux conséquences de la tragédie. Lors d’une conférence de presse, il a insisté sur la nécessité de rester unis dans la recherche de solutions pour soutenir les victimes de l’incendie tout en promouvant le changement nécessaire.
La situation rappelle les scènes de dissidence de 2019, alors que la police a mis en garde contre des manifestations potentiellement comparables à celles de l’époque, où des groupes commémoraient les victimes de la tragédie. Steve Li, commissaire divisionnaire du département de la sécurité nationale, a déclaré que des manifestations avaient lieu dans des lieux de mémoire, où des slogans ont été jugés incitant à la haine.
Malgré un contexte tendu, l’appel à voter se heurte à un tableau politique déjà bien particulier. Le paysage des élections a été radicalement transformé par l'imposition d'une loi sur la sécurité nationale en 2020, qui a vu disparaître une partie considérable de l'opposition pro-démocratique. Des figures emblématiques, comme celles des Partis civique et démocrate, sont absentes du scrutin, témoignant d'un paysage politique désenchanté.
Avec un taux de participation lors des précédentes élections fixé à un niveau historiquement bas de 30 %, ce scrutin est un test non seulement pour le gouvernement en place mais également pour la résilience et l'engagement des citoyens. Des personnalités de premier plan, dont la championne olympique d’escrime Vivian Kong, se présentent, mais le manque de diversité politique soulève des inquiétudes.
Pour compenser les lourdes pertes causées par l’incendie, le gouvernement a promis un projet de loi lors de la première session du nouveau Conseil législatif, visant à répondre aux défis de secours et de reconstruction. Une « commission indépendante » sera également formée pour examiner les circonstances de cette tragédie. Les critiques du gouvernement, incluant des universitaires et des citoyens engagés, mettent en avant la nécessité d'une transparence totale dans le cadre de l'enquête, afin de ne pas répéter de tels drames à l'avenir.
Alors que Hong Kong se dirigeait vers ces élections sous pression, la question de savoir si les citoyens se rendront réellement aux urnes reste en suspens. Le défi pour le gouvernement et la société civile est de rétablir la confiance, alors que les blessures causées par cette tragédie et les restrictions politiques demeurent encore ouvertes.







