En Côte d'Ivoire, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a une fois de plus démontré sa suprématie lors des législatives du 27 décembre, consolidant son emprise sur le paysage politique du pays. Avec près de 80% des sièges au parlement, un sénat aux teintes monocolores, et un contrôle accru des municipalités et des conseils régionaux, le RHDP semble bien au-dessus de ses adversaires. Ce succès fulgurant a été corroboré par la stabilité économique annoncée et les réformes entreprises par Alassane Ouattara, réélu pour un quatrième mandat en octobre dernier.
Des analystes, comme William Assanvo de l’Institut des études de sécurité (ISS), attribuent cette domination à une organisation rigoureuse, alliée à des ressources conséquentes destinées aux candidats. Dans les zones rurales, une mentalité persiste, considérant qu'élire un membre du RHDP est synonyme d'accès à des infrastructures et à des ressources nécessaires.
Cependant, cette domination est entachée par une faible participation électorale, avec seulement 35% des électeurs ayant pris part aux législatives. Les critiques évoquent également un climat politique verrouillé, dénonçant l’exclusion de figures charismatiques de l’opposition, comme le prouve l'absence de certains leaders historiques aux élections.
La situation est d'autant plus préoccupante pour l'opposition, qui se retrouve à l’orée de l’extinction. Le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) a vu le nombre de ses députés divisé par deux et souffre d'une absence criante de leadership, avec son leader Tidjane Thiam exilé à l'étranger. Ce dernier, craignant des poursuites judiciaires, a délaissé la campagne électorale, laissant le parti vulnérable et désorienté.
Francis Akindès, enseignant-chercheur, n’hésite pas à qualifier cette politique de la chaise vide comme une « erreur capitale » susceptible de provoquer des crises internes au sein des partis d’opposition. En parallèle, des arrestations de leaders de l'opposition persistent, alimentant un climat d'instabilité.
Pour compenser ce manque de leadership, Alassane Ouattara, qui fêtera ses 84 ans ce jeudi, promet un quinquennat axé sur la « transmission générationnelle », ouvrant la question de sa succession. Le vice-président Tiemoko Meyliet Koné, bien que peu connu, a remporté son siège avec 99,9% des voix, renforçant la nécessité pour le RHDP de se préparer à l'avenir.
La tension monte au sein du parti, avec les ambitions individuelles de divers leaders, tandis que le climat politique reste volatile. William Assanvo prédit que les prochains mois, marqués par la succession de Ouattara, seront cruciaux, non seulement pour le RHDP, mais aussi pour l’avenir de la démocratie en Côte d'Ivoire.
Les observateurs craignent qu'avec une majorité aussi écrasante, le pouvoir ne dispose des outils nécessaires pour modifier la Constitution, ce qui pourrait transformer la dynamique politique actuelle. Confronté à des enjeux internes et à une opposition affaiblie, le RHDP se retrouve à un tournant décisif de son histoire.







