Abuja (AFP) – Les frappes aériennes menées par les États-Unis jeudi au Nigeria visent des groupes jihadistes dont l'identité reste floue, provoquant une cacophonie d'interprétations entre Washington et Abuja. Alors que le président américain Donald Trump a décalé ces opérations pour les aligner avec la fête de Noël, des doutes persistent sur leur efficacité et leur justification.
Cette intervention a suscité des controverses, notamment parce que ni le gouvernement nigérian ni les États-Unis n'ont clarifié quelles organisations spécifiques ont été ciblées. « Vingt-quatre heures après le bombardement, aucune des parties n'a fourni d'informations concrètes sur les véritables conséquences de ces frappes », a commenté l'activiste et ancien candidat présidentiel, Omoyele Sowore.
Les autorités américaines ont confirmé que les raids visaient des éléments associés à l'État islamique (EI), une affirmation renforcée par des déclarations du ministre nigérian de l'Information, Mohammed Idris, qui a ajouté que ces cibles tentaient de s'infiltrer au Nigeria par des voies sahéliennes.
Daniel Bwala, conseiller auprès du président Bola Tinubu, a évoqué la possibilité que les frappes aient touché un groupe lié à l'EI, mais aussi d'autres entités moins connues, allant jusqu'à qualifier ces derniers de « bandits » terroristes. De nombreux observateurs critiquent par ailleurs le gouvernement pour avoir laissé des opérations de sécurité être communes à des forces étrangères sans en informer d'abord la population nigériane.
Dans une déclaration flamboyante sur sa plateforme Truth Social, Trump a promis des frappes supplémentaires si l'État islamique continuait de s'attaquer aux chrétiens nigérians. De son côté, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a insisté sur le fait que ces frappes étaient le fruit d'une opération conjointe, bien que Washington ait choisi de publier des communications indépendamment.
Les frappes ont touché des enclaves terroristes dans l'État de Sokoto, provoquant également des dommages collatéraux dans des villages environnants. Des images publiées montrent des bâtiments effondrés, témoignant de la puissance des attaques. Les résidents de Jabo, une des localités affectées, ont exprimé leur surprise, soulignant que cette zone n'avait jamais été un repaire de groupes armés.
Au-delà des disparités dans les informations fournies, l'utilisation de munitions précises et guidées a été confirmée, soulignant une sophistication qui pourrait être perçue comme un changement tactique dans la lutte anti-terrorisme. Des experts stratégiques restent cependant perplexes quant à la logique de cibler des zones moins connues pour des opérations jihadistes, d'autres analystes suggérant que ces frappes pourraient avoir été motivées par des intérêts géopolitiques plus larges.
Les relations entre Washington et Abuja connaissent des tensions accrues suite à des commentaires de Trump, qui a minimisé la violence anti-chrétienne au Nigeria, provoquant un rejet de la part du gouvernement nigérian et des analystes indépendants.







