Dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne, plusieurs collégiens se sont récemment mis dans la peau de juges pour aborder le délicat sujet du trafic de drogue. Plus de 15 000 mineurs sont chaque année concernés par des affaires liées à la drogue, souvent pour usage plutôt que pour trafic. Dans ce contexte, cette initiative vise à sensibiliser les jeunes aux dangers qui les guettent.
Encadrés par des professionnels tels qu'Angèle Guitton de l'association Possible et Émilie Bornier, juriste pour la ville, ces élèves de 3ème ont pu participer à des ateliers interactifs. Lors de ces sessions, ils ont examiné des cas inspirés de faits réels, discutant des peines applicables aux mineurs et de la manière dont la justice leur est parfois plus clémente que celle réservée aux adultes.
Les jeunes ont pu comprendre que même à un âge précoce, certains se retrouvent contraints de jouer un rôle dans le trafic de drogue, souvent influencés par leur entourage ou les réseaux sociaux. Comme l'a souligné Émilie Bornier, "certains jeunes sont fiers de connaître des personnes impliquées dans ces réseaux, ce qui complique notre tâche de prévention".
Les statistiques montrent une réalité préoccupante : le phénomène touche des adolescents dès 13 ou 14 ans qui, dans certains cas, commencent comme guetteurs. La ville de Villeurbanne, en collaboration avec les pouvoirs publics, a lancé des programmes de prévention visant à contrer cette tendance. Les chiffres évoquent près de 16 000 mineurs impliqués dans des affaires de narcotrafic en 2023, un chiffre qui interpelle la société.
Les élèves, lors de ces ateliers, ont manifesté une étonnante connaissance des enjeux. "À partir de 13 ans, les juges prennent en compte différentes circonstances", a commenté l'un d'eux, soulignant que des peines pouvaient être allégées selon la situation des mineurs. "C'est une réalité qui peut toucher n'importe qui, pas seulement les mauvais élèves", a affirmé David Collot, leur enseignant, qui a également rencontré des élèves tombés dans le trafic.
Au-delà de la formation judiciaire, ces échanges apportent un éclairage crucial sur la réalité du trafic de drogue qui n'épargne aucune classe sociale. "Il est essentiel de leur montrer qu'il existe des soutiens disponibles comme la Maison de la justice et du droit", a ajouté Guitton, insistant sur l'importance de créer un environnement propice à la discussion.
Pour conclure, un élève a exprimé sa décision de réduire ses interactions avec certains camarades en raison de ce qu'il a appris lors de l'atelier, affirmant : "Faut tout faire pour ne pas tomber dedans". Cette prise de conscience chez les jeunes est un pas important vers une lutte collective contre le trafic.







