Le besoin de s'éclipser de sa vie quotidienne pousse chaque année près de 5.000 adultes en France à disparaître volontairement. Ce phénomène, souvent entouré de mystère, est au cœur des préoccupations sociologiques contemporaines.
Dans son film Les enfants vont bien, le réalisateur Nathan Ambriosini aborde ce sujet délicat, révélant les motivations profondes derrière ces disparitions. Selon le sociologue David Le Breton, ces disparitions sont généralement le résultat d'un sensation de saturation, où les individus ressentent une déconnexion profonde avec leur vie et leurs obligations.
Des études montrent que ce désir de fuite émerge souvent après des événements stressants ou traumatisants, que ce soit des violences intrafamiliales ou des crises professionnelles. Ce constat a été corroboré par des rapports de l'INSEE et des entretiens avec des patients en psychiatrie, qui partagent une envie pressante de se réinventer, loin d'un passé devenu insupportable.
La complexité de ce phénomène est accentuée par le fait que, jusqu'à récemment, la police ouvrait des enquêtes pour les disparitions, facilitant ainsi la prise en charge des familles affectées. Cependant, cette procédure a été abrogée en 2013 pour respecter la liberté individuelle d'aller et venir, laissant de nombreuses familles dans l'incertitude, souvent démunies face à l'absence de nouvelles.
Pour la majorité des adultes, disparaître n'est pas une infraction pénale, contrairement à la situation des mineurs, qui sont systématiquement considérés comme des disparus inquiétants. Les forces de l'ordre doivent alors faire face à un dilemme : évaluer la situation selon des critères parfois flous.
Ce manque de statistiques précises rend la compréhension de l'ampleur du phénomène difficile. Nombreux sont ceux qui relèvent le besoin d'une meilleure classification de ces disparitions, afin d'apporter un soutien approprié aux familles touchées. Dans certains cas, ceux qui choisisent de quitter leur ancienne vie font des préparatifs méticuleux, tandis que dans d'autres, la décision de partir peut être soudaine et impulsive.
Les avis des experts, comme ceux de la psychologue Marie-Claire Matteï, soulignent l'importance d'une écoute attentive pour aider les personnes en détresse, afin d'éviter qu'elles ne se sentent contraintes de disparaître : "Il est crucial d'identifier les signaux avant-coureurs et d'offrir un environnement de soutien".
Alors que les témoignages sur ces disparitions restent souvent rares, les discussions autour de ce sujet signalent un besoin collectif de mieux comprendre et traiter les causes sous-jacentes de cette envie de disparaître.







