La multitude de régimes alimentaires tels que paléo, vegan, ou sans gluten soulève de nombreuses questions. Pourquoi le fait de manger est-il devenu si compliqué, même pour ceux qui n'ont aucune restriction médicale ? Cette problématique touche aussi bien ceux qui souhaitent perdre du poids que ceux avides d'une alimentation 'saine'. Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons interrogé des experts en sociologie et en psychologie.
Une société aux attentes élevées
Camille Adamiec, sociologue et auteure de Manger sain n'est pas si sain, évoque un renforcement des liens entre alimentation et santé au cours des 20 dernières années. L'essor de programmes de santé publique, comme le Programme national nutrition santé de 2001, a engendré des injonctions plus pressantes, où il est désormais attendu de consommer cinq fruits et légumes par jour. Les crises sanitaires récentes, telles que la vache folle, ont alimenté cette méfiance vis-à-vis de la nourriture. Certains individus vont même jusqu'à développer l'orthorexie, une obsession maladive pour une alimentation jugée parfaite.
Le poids des réseaux sociaux
Pour la psychologue Karen Demange, les réseaux sociaux amplifient cette mentalité en exposant des idéaux de santé et de corps parfaits. Des régimes souvent extrêmes sont mis en avant, séduisant des personnes qui, au lieu de s'interroger sur leurs véritables besoins, souhaitent simplement suivre les préceptes en vogue. Le libre arbitre est alors mis à mal, car les choix alimentaires se compliquent face à la profusion d'options.
Comprendre la culpabilité et la souffrance liées à l'alimentation
Un rapport sain à la nourriture doit être basé sur le plaisir et non sur la culpabilité. Selon Demange, se punir après un écart, comme manger une soupe après une raclette, peut signaler un problème. Une attention excessive à son alimentation peut également mener à une souffrance et à un isolement social, rendant les repas entre amis de plus en plus stressants. Pour retrouver une relation saine avec la nourriture, il est crucial de s'interroger sur ses motivations et de consulter des professionnels pour des conseils adaptés et durables.







