Une récente enquête met en lumière des pratiques douteuses de certains courtiers en énergie qui alourdissent les factures des PME. Selon un rapport de La Tribune, des commissions clandestines peuvent atteindre 25 % des coûts, tandis que des offres fictives et des comparaisons biaisées deviennent monnaie courante.
Jacques*, propriétaire d'un abattoir dans l'est de la France, se retrouve dans une situation délicate après avoir souscrit à des contrats d'électricité concurrentiels sans en connaître les conséquences financières. En septembre 2023, un courtier l'a convaincu de signer un contrat chez Primeo. Quelques mois plus tard, un autre représentant, prétendant travailler pour Energygroup, le contacte avec une "offre incroyable" de GazelEnergie, lui cachant toutefois les frais de résiliation élevés liés au premier contrat.
"Il est rare que souscrire à deux contrats soit bénéfique", souligne Jean-Sébastien Degouve, président du Syndicat des courtiers en énergie (SCE). Pourtant, de nombreuses petites entreprises se laissent piéger, souvent au bénéfice d'un petit nombre de courtiers peu scrupuleux.
Sur le terrain, les marges prélevées par les courtiers sont souvent opaques. Contrairement à d'autres secteurs comme les assurances ou l'immobilier, les courtiers en énergie ne sont pas tenus de partager ces informations avec leurs clients. Pendant ce temps, les témoignages d'anciens courtiers révèlent des pratiques alarmantes : des marges de 15 à 30 euros par mégawattheure, bien supérieures aux chiffres annoncés par les entreprises du secteur.
La concurrence féroce incite certains courtiers à adopter des comportements déloyaux. Des offres fictives ont été présentées dans plusieurs cas, où des prix inventés étaient fournis pour que les clients croient obtenir une bonne affaire. Cash Investigation a exposé ces méthodes trompeuses, qui restent malgré tout répandues. Pierre*, ancien courtier, raconte : "On modifiait les prix pour que nos offres semblent plus attractives. C'était une pratique courante, et certains fournisseurs s'en sont même rendu compte."
De plus, une entreprise, Dune Énergie, est actuellement sous enquête pour avoir potentiellement volé des fichiers clients de TotalEnergies. Selon un ancien employé, la société aurait utilisé ces données pour démarcher des clients en fin de contrat avec une forte pression pour faire signer rapidement.
Face à ces dérives, plusieurs propositions de loi ont été déposées pour mieux encadrer le secteur et renforcer la transparence. Le sénateur Fabien Gay (Seine-Saint-Denis) et le député Hervé Saulignac (Ardèche) ont tous deux exprimé leur souhait de protéger les petites entreprises contre ces pratiques abusives. François Mercey, cofondateur de Limpide Énergie, soutient que des réglementations sont essentielles pour réguler le marché en faveur de la transparence.
Les petits entrepreneurs se retrouvent souvent démunis face à ces pratiques. L’adoption d’une législation stricte pourrait aider à instaurer un climat de confiance et de transparence dans le secteur, comme on a pu l'observer au Royaume-Uni, où des mesures similaires seront mises en place d'ici 2026.
*Tous les prénoms marqués d’un astérisque ont été modifiés.







