Lors d'une audition par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Sibyle Veil, la présidente de Radio France, a pris position sur la controverse entourant la vidéo impliquant le journaliste Thomas Legrand et son collègue Patrick Cohen. Elle a fermement rejeté les allégations d'une partialité du groupe en faveur de la gauche, déclarant que la vidéo avait été "instrumentalisée" pour nuire à l'image de l'audiovisuel public.
Diffusée en septembre par le magazine de droite L'Incorrect, la vidéo montre Legrand et Cohen en discussion avec des responsables du Parti socialiste. Bien que Veil ait reconnu que certains commentaires de Legrand étaient "problématiques", elle a insisté sur le fait qu'ils ne reflètent pas les valeurs de Radio France. "Nous avons fait dire beaucoup de choses à cette vidéo, mais le soupçon de complot politique ne tient pas", a-t-elle affirmé.
Les controverses autour de cette vidéo ont exacerbé les tensions entre Radio France et certains médias, notamment ceux appartenant au milliardaire conservateur Vincent Bolloré, comme CNews et Europe 1. Ces derniers y ont vu une preuve d'une potentielle partialité de l'audiovisuel public, une accusation qui a été soutenue par des figures de la droite et du Rassemblement national.
En réponse, Radio France a décidé de poursuivre en justice ces médias pour "dénigrement", soulignant la gravité des attaques dont fait l'objet l'audiovisuel public. Veil a ajouté qu'elle regrettait fortement la virulence des critiques, tout en défendant le faible coût de l'audiovisuel public, qui se chiffrerait à "80 centimes par mois par Français".
L'affaire a été marquée par une rencontre controversée entre Legrand et l'ancienne directrice de France Inter, qui aurait révélé des dynamiques internes préoccupantes. "Je m'étonne que des discussions entre anciens collègues soient rapportées dans la presse", a commenté Veil, évoquant des pratiques dignes de l’ex-RDA.
Les deux journalistes, qui sont attendus devant la commission jeudi, soutiennent que la vidéo a été mal interprétée et ont décidé de porter plainte pour diffuser une version tronquée de leurs propos. Des experts du secteur, comme le sociologue des médias Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, soulignent l'importance d'une presse indépendante et diversifiée, ajoutant que ces tensions révèlent des enjeux plus profonds sur la liberté de presse en France.
En conclusion, cet épisode soulève des questions sur le rôle et la représentation de l'audiovisuel public en France et sur sa capacité à maintenir son impartialité dans un paysage médiatique de plus en plus polarisé.







