Le secteur bancaire ivoirien se retrouve dans une position délicate face aux récents développements de la dette publique sénégalaise. Selon une étude de l'agence S&P Global Ratings, l'exposition des banques de Côte d'Ivoire aux titres sénégalais a triplé en moins d'un an, atteignant un total alarmant de 1 799 milliards de FCFA (environ 2,74 milliards d'euros) à la fin du troisième trimestre 2025, un bond significatif par rapport aux 609 milliards de FCFA à la fin de 2024.
Cette augmentation représente 42 % de la dette sénégalaise sur le marché sous-régional, plaçant les banques d'Abidjan dans une position précaire, particulièrement face aux incertitudes économiques qui entourent le Sénégal. La Société Générale Côte d'Ivoire (SGCI), l'une des plus grandes banques de la région, est notamment concernée, bien que les détails de son portefeuille de titres restent flous.
Pourtant, les inquiétudes exprimées par certains analystes pourraient être exagérées. Les agences de notation, telles que S&P et Fitch, estiment que la majeure partie des titres détenus par les banques ivoiriennes est en réalité destinée à des investisseurs internationaux, et non pas conservée dans leurs bilans. Ainsi, le risque final est largement supporté par des fonds étrangers, atténuant le danger pour les déposants ivoiriens.
En outre, la situation économique du Sénégal semble moins préoccupante qu'elle n'y paraît. Alors que le pays fait face à des défis, un certain optimisme émerge concernant ses actifs réels financés par la dette, notamment dans les infrastructures. Les obligations de remboursement sont principalement concentrées sur le mois de mai 2026, ce qui laisse la possibilité pour un refinancement efficace au lieu d'une restructuration chaotique. Des experts financiers affirment également qu'une restructuration de la dette interne est peu probable.
Malgré une pression économique, comme l'indiquent les déficits commerciaux observés selon l'ANSD, le Sénégal démontre une certaine résilience, soutenue par un rythme de création d'entreprises qui reste dynamique. Cette vitalité du secteur privé pourrait en fin de compte établir un socle solide pour surmonter les turbulences à venir.
Comme le souligne Jean-Pierre Dubois, économiste à l'Université de Dakar, "la clé réside dans la capacité du Sénégal à gérer sa dette de manière proactive, ce dont les banques ivoiriennes doivent tenir compte dans leurs évaluations de risque." En conclusion, bien que des préoccupations existent autour de l'exposition des banques ivoiriennes à la dette sénégalaise, les fondements économiques du pays et le rôle des banques comme plateformes d'investissement international semblent offrir une lueur d'espoir.







