Le gouvernement français sonne l'alarme sur une augmentation préoccupante de la corruption au sein des établissements pénitentiaires. Selon des données récentes divulguées par le ministère de la Justice, les condamnations pour « remises d'objets illicites » aux détenus ont crû de 41 % entre 2020 et 2023. Des rapports de RTL mettent en lumière des affaires emblématiques, telle celle d'un père de famille de 46 ans, condamné à trois ans et demi de prison ferme pour avoir introduit des téléphones et du cannabis à la maison d'arrêt de Bois-d'Arcy, dans les Yvelines.
Cet essor inquiétant de la corruption est également lié au narcotrafic. Les statistiques pointent une augmentation significative des condamnations, passant de 31 cas en 2018 à 44 en 2023. Concernant exclusivement les agents pénitentiaires, ces déclarations sont passées de 19 à 25 sur la même période. Toutefois, le ministère précise que l'évolution des chiffres pourrait être influencée par la pandémie de COVID-19, en prenant comme référence les années 2021 à 2023, où l'augmentation est survenue à un rythme de 12 %.
Une forme d'engrenage inquiétante
Valérie Mousseef, directrice de prison en Guadeloupe, a donné un aperçu sur ce phénomène lors d'un entretien avec RTL. Elle évoque un « engrenage » : « Cela commence souvent innocemment, avec des détenus qui offrent des petits services, comme un morceau de gâteau. Ils cherchent à établir un lien au-delà des règles professionnelles. Ensuite, viennent les demandes de faveurs, et lorsque le surveillant résiste, le détenu utilise les actes passés comme menace ». Cette dynamique met les agents dans une position précaire et illustre un problème systémique au sein des infrastructures pénitentiaires.
Face à cette situation, il apparaît urgent d'agir pour remédier à cette normalisation de la corruption. Des experts soulignent que cela nécessite non seulement des sanctions sévères, mais également des réformes structurelles, afin de renforcer la transparence et l'intégrité du corps pénitentiaire. Les témoignages de l'Observatoire International des Prisons (OIP) et d'autres associations de défense des droits humains révèlent une crise qui dépasse le simple cas individuel et pose des questions sur la gestion de la sécurité au sein des prisons françaises.







