Le 19 novembre, un robot humanoïde utilisant une intelligence artificielle a accueilli Vladimir Poutine lors d'une conférence sur l'IA organisée par Sberbank, la plus grande banque de Russie. Poutine a souligné l'importance stratégique des technologies d'IA générative pour le pays, affirmant que leur développement serait crucial pour l'avenir économique de la Russie.
La Stratégie nationale de développement de l’IA, adoptée en 2019 et mise à jour pour 2024, vise à ce que la contribution des technologies d’IA au PIB atteigne 11 000 milliards de roubles d’ici 2030. Cependant, ces technologies ne serviraient pas uniquement à moderniser l’économie, mais également à perfectionner les outils de contrôle, de censure et de propagande.
Un projet d'idéologie numérique
Après la chute de l'Union soviétique, beaucoup espéraient la fin des idéologies comme moyen de gouvernance. Cependant, en Russie, l'idéologie reste un instrument puissant, comme l'écrit le sociologue Karl Mannheim : elle est utilisée par le pouvoir pour maintenir l'ordre politique établi. Dans sa quête pour construire une réalité alternative, le Kremlin a transformé les conflits en « opérations militaires spéciales » et proclame une démocratie où seule sa voix est légitime.
Poutine lui-même a préconisé la nécessité de développer une IA qui soutienne les intérêts nationaux. Lors du forum Digital Almaty 2024, il a déclaré que les IA russes et occidentales proposent des visions du monde fondamentalement différentes, affirmant qu'il est impératif d'adapter l'IA à la nouvelle idéologie russe.
Un exemple évident réside dans le chatbot Alice AI, qui fournit des informations biaisées sur des questionnements politiques, comme la situation en Crimée, en orientant les données vers celles approuvées par l'État. Lorsque les utilisateurs demandent des clarifications sur des sujets sensibles, Alice finit souvent par se « taire », évitant ainsi de donner des réponses qui pourraient contredire la ligne officielle.
Un enjeu de souveraineté
À travers une infrastructure numérique isolée, le régime russe renforce non seulement son contrôle mais construit également une utopie technologique qui promet confort et miracle économique, tout en rendant la population plus soumise. En opposition aux efforts européens pour encadrer les géants technologiques, Poutine ordonne l'accélération des processus de développement d’IA, intégrant des systèmes qui agissent comme un filet de sécurité pour la propagande d'État et le contrôle social.
Il faut également considérer que cette ingérence technologique ne se limite pas aux frontières russes. D'autres pays se doivent de rester vigilants face à la diffusion de fausses informations et aux cyberattaques, où l'IA peut jouer un rôle dévastateur. Comme le souligne un rapport de *France 24*, cette dynamique pose une menace non seulement pour la Russie mais pour l’échiquier mondial en général.







