Dans un secteur retail en pleine mutation, les hypermarchés apparaissent plus vulnérables que jamais. En concurrence avec le commerce en ligne, les magasins spécialisés, et les enseignes discount, ces géants de la distribution doivent repenser leur modèle pour rester pertinents.
Les enseignes telles que Champion, Cora ou Mammouth ont déjà disparu du paysage, absorbées par des groupes plus puissants ou tout simplement fermées. Comme le rappelle l'Insee, un hypermarché est défini comme un établissement de vente au détail de plus de 2 500 m², réalisant plus d'un tiers de ses ventes en produits alimentaires. However, ce modèle, qui avait connu son heure de gloire dans les années 1960 et 1970, semble désormais essoufflé.
Selon Laurent Jamin, expert en distribution chez Tradedimensions, les facteurs sont multiples. « L'émergence de nouveaux concurrents a diversifié la demande », souligne-t-il. En effet, une étude de Kantar révèle qu’en moyenne, chaque foyer fréquente jusqu’à neuf enseignes différentes pour réaliser ses courses. Les consommateurs recherchant des produits bio se dirigent souvent vers des magasins spécialisés, tandis que ceux soucieux de leur budget se tournent vers des enseignes de hard discount. Par ailleurs, la génération Z privilégie de plus en plus les plateformes d'e-commerce et les services de drive, délaissant les magasins traditionnels.
La segmentation de la demande
L'avènement d'une variété de spécialistes, de l'épicerie fine à la fromagerie, a laissé les hypermarchés sur le bord du chemin. Philippe Moati, économiste, évoque une « expérience d'achat pauvre » dans les hypermarchés. « Le service à la clientèle y est souvent inférieur à celui des magasins spécialisés », ajoute-t-il, notant également la concurrence d'Internet. Ce phénomène est corroboré par des données de l'INSEE, qui montrent que les hypermarchés n'ont jamais été aussi nombreux, mais avec une taille de surface moyenne en déclin.
Les chiffres indiquent qu'il y a actuellement 2 364 hypermarchés en France, représentant environ 36 % du marché des produits de grande consommation, en légère baisse. Mais Jamin nuance cette observation : « Bien qu’en croissance faible, ce secteur persiste ». La bataille se mène désormais sur les dimensions des magasins, Auchan ayant récemment commencé à transformer ses hypermarchés en espaces plus accueillants et conviviaux.
Vers une uniformisation entre l'hyper et le super
Pour s’adapter, les hypermarchés doivent répondre aux attentes variées des consommateurs, notamment en optant pour des formats plus compacts et agiles, intégrés de manière plus efficace dans leurs territoires. Cette tendance se traduit par une montée en superficie des supermarchés : leur taille moyenne est passée de 570 m² en 1975 à 1 274 m² en 2025. Jamin avance qu'un nouveau concept pourrait émerger, s'étalant entre 2 000 et 4 000 m², pour répondre aux besoins évolutifs des consommateurs.
L'hyper a ses raisons d'exister
Malgré la concurrence, 90 % des Français continuent de fréquenter les hypermarchés, même s'ils diversifient également leurs choix. « La domination des hypermarchés reste forte », assure Moati, arguant que ces établissements continueront d'avoir leur place dans le paysage commercial. En effet, selon une étude publiée par Le Monde, l'hypermarché n'est pas en voie de disparition, mais en pleine transformation. Les clients recherchent la commodité d'avoir tout sous un même toit, ce qui garantit la pérennité de ce format. De plus, l’adaptation constante des hypermarchés aux nouvelles attentes des consommateurs pourrait leur assurer un avenir prospère.







