Dans un contexte agricole déjà fragile, la filière laitière européenne subit un nouveau choc : la Chine a décidé de relever ses taxes sur certains produits laitiers importés d'Europe, avec des surtaxes drastiques passant de 21 % à plus de 42 %. Ce changement affecte particulièrement la France, qui est le deuxième plus grand fournisseur de crèmes pour le marché chinois.
Benoît Gavelle, agriculteur dans l'Eure et secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), exprime ses inquiétudes : "Nous avons environ 130 vaches et produisons entre 3 500 et 4 000 litres de lait par jour. Ces hausses des taxes douanières, c'est une véritable menace pour nos débouchés !" Il redoute que la baisse des prix du lait ne devienne inévitable, mettant en péril les exploitations d'élevage déjà à l'agonie.
Les entreprises qui risquent le plus de souffrir de cette décision chinoise sont les grands groupes exportateurs de fromages frais, de laits spéciaux et de crèmes. Le marché, qui représente environ 370 millions d'euros, pourrait voir des entreprises françaises laissées sur le carreau.
Une escalade dans la guerre commerciale entre la Chine et l'Europe
François-Xavier Huard, président-directeur général de la Fédération nationale de l'industrie laitière, souligne la difficulté de la situation : "Nous ne pourrons plus rivaliser avec les produits en provenance de Nouvelle-Zélande, qui bénéficient d'un accord de libre-échange et ne paient donc pas de droits de douane." Cette guerre économique, qui s'intensifie avec la surtaxe visant les voitures électriques chinoises par l'Union européenne et l'augmentation des tarifs douaniers sur d'autres produits comme le cognac et le porc européen, est très préoccupante pour les agriculteurs.
Anthony Morlet-Lavidalie, économiste à l'institut Rexecode, avertit : "Tant que des barrières douanières seront en place, les représailles de la Chine continueront d'affecter nos exportations."
Pour l'instant, ces surtaxes sont temporaires et pourraient entrer en vigueur de manière définitive d'ici à fin février. Les producteurs de lait et leurs organisations espèrent une réévaluation des mesures afin de sauver cette filière vitale pour l'économie française.







