Aaron Lehman, agriculteur de l'Iowa, se prépare à une facture d'assurance qui va tripler. En effet, avec la décision récente du camp républicain dirigé par Donald Trump de mettre fin aux subventions associées à l'« Obamacare », le coût de son assurance va passer de 500 dollars à environ 1 300 par mois. Une situation qui pourrait affecter plus de 20 millions d'Américains issus des classes populaires et moyennes, contraints de faire face à une inflation déjà galopante.
Audrey Horn, une retraitée du Nebraska, partage ses craintes. "C'est extrêmement stressant pour beaucoup de gens", confie-t-elle, en ajoutant qu'ils vont devoir puiser dans leurs économies pour régler une augmentation de 300 dollars de leur prime mensuelle. Cela pourrait les contraindre à réduire leurs dépenses sur des loisirs tels que les sorties au restaurant.
L'« Obamacare », mis en place en 2010 sous la présidence de Barack Obama, avait permis à des millions de personnes de bénéficier d'une couverture santé. Au fil des ans, les aides financières ont été renforcées, notamment durant la pandémie de Covid-19. Cependant, cette aide temporaire arrive à son terme et les négociations entre les républicains et les démocrates se révèlent difficiles. Les démocrates plaident pour le maintien de ces subventions, tandis que les républicains les jugent trop coûteuses pour le contribuable.
Matt McGough, expert en politiques de santé au sein de KFF, estime que cette décision pourrait avoir des conséquences dramatiques, avec près de quatre millions d'Américains qui pourraient choisir de ne plus être assurés au cours de la prochaine décennie. "Nous assistons à un recul historique en matière de couverture santé aux États-Unis", affirme-t-il. Des voix au sein de l’opposition, comme celle d’Andrea Deutsch, propriétaire d’une boutique en Pennsylvanie, soulignent l’injustice de voir ces aides disparaître alors que des allègements fiscaux sont offerts aux plus riches.
Les conséquences de cette politique risquent d’entraîner une hausse de la mortalité parmi les populations les plus fragiles. Dans un tel contexte, des personnalités, dont Donald Trump lui-même, évoquent la possibilité de rencontrer des dirigeants du secteur de la santé pour discuter d’éventuelles solutions, alors même que les élections législatives approchent.
Face à cette instabilité rationnelle, l’avenir des soins de santé aux États-Unis demeure incertain et suscite des inquiétudes croissantes, tant chez les assurés que chez les professionnels de la santé. Cette question, déjà complexe, pourrait être exploitée par l’opposition lors des prochaines campagnes électorales. La nécessité d'une réforme durable se fait ressentir plus que jamais, laissant présager des débats enflammés dans les mois à venir.
