La Commission européenne, sous une pression croissante de l'industrie automobile, envisage de revoir ses ambitions en matière de véhicules électriques. Dans une proposition récente, elle a évoqué un objectif de 90 % de ventes de voitures électriques neuves d'ici 2035, abandonnant ainsi l'idée d'une interdiction totale des moteurs thermiques. Ce changement de cap est perçu comme une victoire pour le secteur automobile, qui craint d'être distancé par la concurrence féroce des constructeurs chinois.
Selon Luc Chatel, ancien ministre et président de la plateforme automobile française, “Cet assouplissement va dans la bonne direction”. Toutefois, de nombreux experts et organisations environnementales ont exprimé des réserves. Neil Makaroff, directeur de Strategic Perspectives, avertit que “cette décision met en danger nos objectifs climatiques et notre industrie du véhicule électrique”, soulignant le risque d'un ralentissement dans la transition écologique.
Un marché en mutation
La transition vers les véhicules électriques, essentielle pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par l'Union Européenne, semble rencontrer des obstacles. Luc Chatel a noté que “les produits sont là, mais les consommateurs n'adhèrent pas encore suffisamment”. Toutefois, les données de l'ONG Transport & Environment prédisent une hausse des ventes de véhicules électriques, passant de 15,3 % en 2023 à 18,4 % en 2025, soulignant un regain d'intérêt pour la mobilité électrifiée en Europe.
Avec l'émergence de modèles plus accessibles, comme la nouvelle Renault 5, les constructeurs européens tentent de rattraper leur retard sur le marché populaire, longtemps dominé par des modèles haut de gamme. Cependant, la bataille ne se limite pas au marché neuf. En France, 75,8 % des achats de voitures particulières en 2024 étaient des voitures d'occasion, dominées par des modèles thermiques. Antoine Dupont de l'Ademe affirme que “la durée de vie des batteries et la disponibilité des bornes de recharge demeurent des points de blocage pour les consommateurs”.
Une étude récente indique qu’un Français sur cinq considère un véhicule électrique comme plus écologique qu’un modèle thermique, un constat qui révèle l’ampleur du chemin à parcourir en matière d’éducation du consommateur sur les bénéfices environnementaux des véhicules électriques.
Dans ce contexte, les concurrents chinois continuent de gagner du terrain, rendant l'enjeu encore plus pressant pour les fabricants européens. Leur capacité à proposer des véhicules à bas prix est une menace que les entreprises locales ne peuvent ignorer. Un équilibre est donc crucial pour naviguer vers une transition réussie, tout en préservant des ambitions climatiques significatives.







